J’ai passé hier une excellente soirée, ou comment préparer un caviar d’aubergines sur pain Poilâne toasté, une salade de mâche aux noix, des tournedos, des pommes de terre gratinées à la clermontoise et une tarte aux pommes et coulis de fraises, tout en suivant brillamment une conversation freudienne avec l’aisance consommée du type qui a fait ça toute sa vie :
Moi, sortant de la cuisine : Euh, vous en êtes où?
C. :On parlait des organisations pré-génitales.
Moi : Ah, cool !
J. :Ouais, je disais donc qu’évidemment, ce qui est en jeu dans l’idée même d’oralité et de cannibalisme, c’est le fantasme d’incorporation.
C. : Ben…c’est clair que le cannibalisme c’est avant tout un concept organisationnel qui repose sur un non passage à l’acte !
Moi : Ouaaais, c’est clair ! Quelqu’un veut de l’eau?
Un peu plus tard, revenant des fourneaux avec mes pommes de terre clermontoises toutes gratinantes : j’ai raté quelque-chose?
J. : On parlait des toxicos.
Moi : Ah, intéressant !
C. : Si tu vas par là, c’est un peu comme avec l’alcoolisme…le cœur même du processus d’ingestion engage un rapport à l’oralité, Freud l’a très bien vu. C’est pas dans les Trois essais qu’il en parle?
Moi : Euhhh, je crois…. un peu de vin?
Quelle soirée charmante ! C’est d’ailleurs là que j’ai réalisé que j’avais une double personnalité. Une dans la cuisine, transpirant, paniquant : pourquoi mes pommes de terre ne veulent pas gratiner??? OUhhlala, mes tournedos vont être trop cuits maintenant ! La seconde à table, calme, souriant, méditatif et résolument insensible aux fumées bizarres en provenance de la cuisine !
Ce qui m’a d’ailleurs valu de recevoir humblement quelques compliments :
– Au fait Philippe, c’est délicieux ce que tu as préparé, vraiment, tu es tellement doué en tout. Et ton humour, quel humour ! Fin, élégant, spirituel, un humour qui te ressemble quoi ! Et puis ta déco, tes peintures…tous ces talents que tu incarnes avec cette grâce inimitable qui te rend si fabuleusement exceptionnel ! C’est comme ces fumigènes que tu as installés dans la cuisine, tu as toujours des idées tellement originales…
Moi : Oh, ce n’est rien vous savez ! (tandis que dans mon cerveau, un neurone lucide hurlait “AAAAAAAAAAARRRRGGGHHHHH, LE FOUR !!!”)
Que du bonheur !
Oui belette, la pate était maison mais il n’en reste plus…
Quant la description de ma soirée, tourterelle, elle n’est pas tout à fait fidèle à la réalité, j’ai un peu caricaturé, j’avoue, d’ailleurs rien n’a brûlé, tout était parfait, même si c’est vrai que j’ai eu du mal à maîtriser le four pour faire gratiner…Pas facile la vie !!
Hum, hum… moi je n’ai pas senti les fumigènes dans la cuisine, même si j’ai bien la dextérité à gérer popote et conversation psychanalytique en simultanée !
Excellent dîner en tous cas, encore merci, et bravo pour le blog très chouette également.
A une prochaine
Sigmunda (m’auras-tu reconnue…?) : – )
eh bien, on ne s’ennuie pas chez vous !
Bon ben j’ai rien fait cramer dans le four moi! tu me diras ma soirée était plus calme que la tienne!! ;-) avec la même lecture…pas Freud hein!…Campagne Décoration! c’est mieux!
j’aurais aimé être une petite souris. Dis moi la pâte de ta tarte à l’air d’être faite maison ? Me trompe je ?
Oui, Sigmunda, ce prénom t’allant si bien, je t’ai forcément reconnue : tu portais il y a quelques jours un ravissant collier rouge et nous dînions ensemble à la lueur des bougies, mais sans les fumigènes !
A très bientôt ! Freudo
Tiens…je ne savais pas que tu aimais Barbra…je suis également une grande fan. Je ne crois pas avoir celui-ci…mais je ne vois pas bien le titre et mon mari m’en a rapporté plusieurs des USA…la pochette est souvent alors différente.