
Irène a cinquante-six ans, deux grands enfants, dont un fils très attaché à elle, une belle maison et une carrière d’avocate reconnue. Une vie sans accroc majeur, une vie en pente douce, jusqu’à ce qu’elle découvre fortuitement que son mari aime une autre femme et que celui-ci lui annonce qu’il la quitte. Dans le même temps, la mère d’Irène, hospitalisée pour une intervention lourde à la hanche, va s’arranger par le biais d’une lettre pour révéler à sa fille l’identité de son père biologique, un violoncelliste juif avec qui elle n’aura passé qu’une seule nuit en 1943, avant que celui-ci ne fuie le Danemark et le nazisme, et ne disparaisse.
Ces bouleversements, Irène ne va pas aller contre eux. Sans bruit, sans éclat, elle va les accepter, les accompagner, commençant par vendre sa maison et entreprenant, suite au coup de pouce d’un ami, les recherches qui la mèneront sur les traces de son père en Autriche et, au fond, bien plus loin qu’elle n’avouait vouloir aller.
Le rôle d’Irène y est tenu par Marthe Keller qui a su donner à ce portrait de femme la subtile épaisseur de la détermination et de la sensibilité mêlées. Il y a de la dignité et de la hauteur dans les choix du personnage. Dans celui d’abord d’échapper aux basses trivialités de la discorde, de ne pas sombrer (c’est le mot) dans ces avilissantes rancœurs et jalousies si largement coutumières des couples qui se séparent. De son mari, bien que bouleversée, elle dit à son fils : “Il n’est pas devenu mon ennemi tout à coup”. Elle ne récrimine pas davantage contre sa mère pour son aveu tardif. Elle se l’approprie pour chercher à commencer sa propre histoire avec son père. Au lieu de vouloir fixer les choses, Irène lâche prise pour se laisser conduire avec elles. C’est ainsi qu’elle avance, comme c’est ainsi seulement qu’on peut avancer.
Autant vous dire que je vous conseille vivement de regarder ce téléfilm si ce n’est pas déjà fait. La quête commencée du père, dans le dernier tiers de l’histoire, est particulièrement émouvante, évoquée dans une retenue constante qui lui confère toute sa force.
Sous un autre jour
Réalisé par Alain Tasma d’après le roman éponyme de Jens Christian Grondahl
Avec Marthe Keller, Kurt Sobotka, Bruno Todeschini, Cécile Cassel, Didier Sandre.
Durée : 1 h 45
Sur Arte.tv
Tu as éveillé ma curiosité!
Ma mère étant une grande fan de Marthe Keller, je vais essayer de le voir avec elle, merci pour l’info ;)
J’espère que cela aura été possible à temps…
Je guette discrètement chacun de tes posts, et en voici un auquel je voudrais répondre. Non pas que je veuille sortir de ma réserve mais simplement pour abonder ton commentaire. Ce téléfilm m’a beaucoup touché et le jeu de Marthe Keller est remarquable. Beaucoup de subtilité effectivement dans son rôle et d’élégance. Je recommande !
A bientôt !
Syl
L’Orangerie, dès qu’il s’agit de me venir en renfort, il ne faut pas une seconde hésiter à sortir de sa réserve ! ;-)
Je suis tombée dessus et je suis restée scotchée… Une très belle interprétation, une intensité palpable… Et en plus, en VO!
Pas de genoux écorchés j’espère ? ;-)
Très raisonnablement… mais violoniste à mes heures perdues, on peut dire que j’étais à genoux :)
Voilà qui ne me rassure que moyennement, un coup d’archet dans l’œil est si vite arrivé ! ;-)
Il est 22h30, les dernières notes de violoncelle se taisent… Merci.
Frédérique, ravi que vous ayez pu les écouter jusqu’au bout…
Difficile de rester insensible à cette fiction, magnifiquement interprétée. Tout est si juste, si naturel… c’est en même temps une belle leçon de vie, savoir prendre les choses avec une certaine philosophie, là où tout n’aurait pu être que drame… c’est aussi comme ça que j’aime prendre la vie.
Valérie, c’est en tout cas, en matière conjugale, ne pas confondre aimer et posséder.
J’aurais beaucoup aimé voir ce film , mais comme cela n’est pas possible , ce résumé m’a donné envie de lire le livre de Jens Christian Grondhal. Merci.
Kinekelly, je ne comprends pas pourquoi vous dites que cela n’est pas possible : au moment où vous avez laissé votre commentaire le film était visible sur le site d’Arte+7.
j’ai beaucoup aimé ce film interpreté de façon extraordinaire par Marthe Keller qui fait passer toute la dignité et la sensibilité de cette femme.Avez vous vu il y a quelques temps un autre film avec elle dont hélas je n’arrive plus à me souvenir du titre qui raconte l’histoire d’une femme prof ayant pour compagnon un réparateur de violon et,dont les enfants respectifs disparurent en déportation jusqu’au jour où elle est certaine de reconnaître en une de ses élèves sa petite fille.Elle découvre avec horreur que le père de la jeune fille n’est autre que le milicien qui avait arrêté sous ses yeux sa fille,son gendre et le bébé pour les envoyer dans les camps.Ce qu’elle ignore c’est que ce milicien dont la femme était stérile avait subtilisé le bébé et l’a élevé et choyé comme le leur.Par le biais de cours particuliers elle va se lier d’amitié avec sa petite fille et va lui avouer qu’elle est sa grand-mère.Tout d’abord la jeune fille ne la croit pas puis pose des questions à son père qui nie tout mais peu à peu elle va comprendre la vérité et à la fin reniera ses parents et ira vivre avec sa grand-mère.Marthe Keller est bouleversante déchirée par le fait de détruire l’univers de sa petite fille et ne pouvant se résoudre à ne pas crier la vérité pour la mémoire de sa fille et parce que cette enfant c’est tout ce qu’il lui reste de sa famille.C’est l’espoir et la vie.Ce film a été maintes fois primé dans divers festivals et c’est justifié.Vous avez bien fait Philippe de rendre hommage à cette merveilleuse actrice et de signaler des films de cette qualité qui sont trop rares!
Valérie, après quelques recherches, le téléfilm dont vous parlez s’appelle Le lien. Je ne l’ai pas vu malheureusement. J’aurais sûrement l’occasion de rattraper cela lors d’une prochaine diffusion. Sur Arte peut-être d’ailleurs, dont il faut saluer les excellents programmes d’une manière générale, aux antipodes de ce qui est jeté en pâture ailleurs…
Trop tard ! Dommage, j’espère qu’il la rediffuseront. En tous cas, tu m’as mis l’eau à la bouche, ton texte m’a vraiment donné envie de le voir.
Epistyle, malheureusement j’ai regardé le film sur Arte+7 un peu tard, ce qui a laissé peu de marge d’actualité à mon billet…
Elle est magnifique cette image
Adelap, à l’image du film.
J’ai vu ce téléfilm magnifique sur Arte vendredi dernier et je l’ai suivi avec passion… Faut dire qu’en plus, je suis fan de Marthe Keller depuis “la Demoiselle d’Avignon” … :o)
Et je la trouve scandaleusement sous-employée par le cinéma et la télévision !
Malheureusement Arte+7 ne le rediffuse plus … depuis hier !
Christine, c’est peut-être elle qui n’accepte pas tout ce qu’on lui propose. Ce qui expliquerait qu’on ne la voie que rarement effectivement, mais dans de bonnes productions.
Tu as raison, elle est, à juste titre, très rigoureuse dans ses choix, mais on ne doit pas lui proposer chez nous tant de choses, même de qualité, hélas !
De plus, je sais qu’elle se consacre beaucoup au théâtre en Suisse et en Allemagne…
J’ai aimé ce film discret et fort et j’ai surtout été stupéfaite de la grande beauté naturelle de cette actrice et de la jeunesse de son visage,comparé à certaines actrices,parfois plus jeunes, qui ont le visage figé et dénaturé.Par curiosité j’ai cherché son age sur Wikipédia et tenez-vous bien ,elle est née en 1945(je ne sais pas de quand date le film)alors respect!
Effectivement, on aimerait tant la voir plus souvent!
val
Val, oui, 64 ans indiscutablement bien portés !
J’aime l’idée de ne pas porter de jugement sur la personne mais bien plus sur l’acte…
“Je n’aime pas ce que font les gens” plutôt que “je n’aime pas les gens qui font”. Nuance légère au poids certain.
Et maintenant, je regrette de ne pas avoir la télé (c’est inattendu! hihi)
(Merci du partage)
Mauvaise manoeuvre, désolée !! Je recommence : tu as un sacré talent de critique toi !! Tu m’as donné une envie irrépréssible de voir ce film ! Je suis moi-même à la recherche de mon père naturel et cette histoire me passionne, aussi par son côté fataliste, prendre les choses de la vie comme elles viennent et les accompagner. Merci!
moi j’ai adoré ce film…
Un tout grand merci car grâce à votre commentaire j’ai pu revoir Marthe Keller que j’avais aussi découverte ds ma jeunesse ds le feuilleton “la demoiselle d’Avignon (1972)Très belle personne!
J’ai savouré ce film avec le fabuleux personnage interprété par Marthe Keller.
à se plonger dans ce profond mélodrame, on se surprend à regretter le père que l’on a eu ….la quête est parfois plus nourrissante ..
Bonjour,
Je suis fidèle à votre blog, en premier, c’est son nom qui me plaît -c’est “la” couleur que j’aime depuis des années- ensuite, et c’est le plus important, votre goût pour les photos, votre sensibilité à la lumière ou aux ombres, j’aime…Le film avec Marthe Keller, nous l’avons vu, admiré. Il a donné lieu à de multiples échanges sur la vie, la famille, les bonheurs et les tristesses, les lachetés ou les courages de certains. Sur l’amour des enfants et leur incroyable attachement à une maison, à leurs parents et soudainement à la vie qui devient plus forte que tout : ils recherchent un absolu, un père, une mère en oubliant que d’autres êtres chers les attendent, les aiment et soupirent après eux. Comment faire comprendre cette quête ?
Je reste fidèle à votre couleur.Gabrielle.
violoncelle
J’ai regardé un film à la télévision il y a quelques jours.
Au début c’est une histoire banale comme on peut en regarder sur les télévisions publics. Puis au bout de quelques jours, cela m’a beaucoup fait penser à un dessein pour ce film. L’histoire est assez curieuse, elle réuni beaucoup de sujets.
En effet, c’est une histoire avec un secret alchimique éloquent.
On distingue les trois étapes à savoir l’étape purgative, l’étape illuminative et l’étape unitive.
L’histoire se présente sous la forme d’un couple autour de la soixantaine installé dans la vie avec des enfants entre vingt et trente ans.
La phase purgative s’impose à la suite d’un diner, autour de la table on a le couple avec les enfants puis soudain, le père prend la parole. Il dévoile aux autres qu’il vient de rencontrer une femme et il doit vivre avec. Il leur cède tout : maison et autre richesses. Tout le monde est révolté, sauf la femme qui semble soulagée, comme si elle s’attendait à une telle confession.
Puis un matin, de son cabinet d’avocate, elle reçoit un appel téléphonique, d’une clinique, on l’a prévient que sa mère a fait un malaise, elle est en soin intensif. Elle se déplace de suite puis elle la découvre dans un état comateux. La mère laisse une lettre qui affirme que le père géniteur, n’est pas son véritable père.
A partir delà, le mari est oublié, les soucis des enfants passent aussi en second plan et une incessante obsession la dévore au point de ne plus dormir avant d’éclaircir cette énigme.
La lettre de la mère ébauchait quelques indications, le vrai père était musicien., il est passé à Paris dans les années quarante pendant la guerre. La mère était tombée amoureuse de ce musicien prodigieux. IL a disparu dans la nature, puis au bout de quelques jours elle s’est retrouvée enceinte. Elle a dû se marier avec un ancien compagnon. Celui ci était tout fier à l’idée de devenir papa.
Un jour lors d’un jogging dans la forêt elle rencontre un de ses anciens amants, qui a quinze ans de moins qu’elle, soudain il était tout heureux de la revoir, il se sont donc raconté leur vie nouvelle. Ils sont devenus juste ami, la femme ne voulais pas s’encombrer d’un homme juste au moment où elle devenait enfin libre.
Puis commence la phase illuminative. Un jour elle reçoit un appel de son ami celui ci lui indique que son vrai père était un artiste connu. Il a joué du violoncelle dans toutes les grandes salle du monde. Oui, il lui apprend aussi, qu’il était juif, et probablement une famille de cousin vivait à Paris.
A partir de ce moment, une course s’engage pour la localisation du père. Elle retrouve ses traces, chez les cousins de Paris puis, des traces en Israël et en Argentine. La recherche poussée finie par retrouver son installation à Vienne, ville de musiciens en Autriche.
Elle commence un voyage en voiture, vers cette ville, puis elle arrive à sa rencontre dans un premier temps sans succès car il a nie tout lien parental avec elle. Son courage et son abnégation a finit par produire ses fruits. Ils passent donc quelques jours ensemble, puis une reconnaissance mutuelle s’établit et même une grande affection.
A la fin de l’histoire, on assiste à la phase unitive, c’est celle de la fusion universelle avec notre propre âme. Il disait qu’il n’était pas autrichien, ni israélien ni argentin. Il était tout simplement violoncelliste, c’est sans doute sa mission sur cette terre, il avait jouer son rôle le mieux possible au point d’avoir volé un des meilleurs violoncelle du monde. Il chargea sa fille d’une dernière mission c’est à dire de rendre le violoncelle à la fondation qui était chargée de le garder comme objet d’art. Il avait probablement pressenti que la fin du jeu allait bientôt arriver.
Mohand
le commentaire de mohand me semble un peu mystique donné à une histoire un pouvoir initiatique alchimique me semble un peu tiré par les cheveux.
a t il peut etre raison après tout?
Bonjour, quelqu’un connait-il le lieu de tournage des scènes de retrouvailles en Croatie je crois.
Merci