Les trois amis, George, Harris, et le narrateur du récit, sont parfaitement d’accord. Ils ont bien compris que leur état de faiblesse était la triste conséquence d’un surmenage et que l’élimination complète de tout souci était le seul remède possible. Le narrateur particulièrement, avec une courageuse lucidité, a fait le diagnostic précis de la maladie dont il se sait atteint depuis longtemps, soit “une complète aversion pour tout genre de travail”. Il est admis à l’unisson qu’un changement d’air est absolument nécessaire, autant qu’une saine activité physique. Quoi de mieux dans ce cas qu’une revigorante excursion sur la Tamise en canot, pendant deux semaines, à admirer des paysages champêtres et à visiter de charmants villages ?
Décision prise, les trois célibataires amorcent aussitôt les préparatifs de l’aventure à laquelle Montmorency, le compagnon fox-terrier indomptable et batailleur, ne manquera pas d’être associé.
La réalité se pliant rarement au rêve, l’élimination des soucis ne va pas exactement être au rendez-vous. Ramer à contre-courant, affronter la pluie ou rechercher désespérément une auberge quand l’estomac crie famine n’étaient pas à proprement parler les doux plaisirs escomptés. Aidée par la gaucherie de l’équipage, alternant avec sa désinvolture ou sa mauvaise volonté, l’excursion se mue comme on s’y attend en comique épopée. Le canot devient galère.
À sa parution, en 1889, Trois hommes dans un bateau eut un succès très important. Il lui vaut aujourd’hui de survivre davantage dans les mémoires que dans les librairies, hélas. Pourtant, quel bijou que ce livre ! On s’y amuse de bout en bout. Le récit est drôle et joyeux à la fois, avec ce qu’il faut pour cela d’exagération, d’auto-dérision et d’absurdité.
La recette de l’Irish Stew concoctée par les trois héros vers la fin de l’aventure, avec l’aide du chien, vaudrait à elle seule de dénicher l’ouvrage. Comme l’assure le narrateur : “C’est l’avantage de l’Irish Stew, qu’il vous débarrasse d’un tas de choses.” Comme c’est l’avantage de Trois hommes dans un bateau, qu’il vous débarrasse de tout nuage, le temps d’une lecture enjouée et d’une entraînante promenade au fil de l’eau.
Jerome Klapka Jerome
Jerome K. Jerome
Trois hommes dans un bateau
Garnier-Flammarion
(D’autres ouvrages de l’auteur sont édités chez Arléa)
Pour aller plus loin :
– Académie de Strasbourg (Biographie)
– The Jerome K. Jerome Society
Lu il y a très ( très ) longtemps , je me souviens que j’avais adoré car j’avais rigolé comme une bossue !
Pyrénéenne, rire est un plaisir mnémotechnique ! ;-)
Rien de passionnant à lire en ce moment ( après avoir terminé un Madeleine Bourdouxhe tout en douceur ), je me réjouis de suivre ces conseils fort bien formulés, ma foi … Merci !!
Tatam, je n’espère être bien sûr que de bon conseil, bonne lecture alors ! ;-)
Fabulous book!!
Gipsy, it is !
En montant dans mon escabeau de bibliothèque j’ai retrouvé Trois hommes dans un bateau dans la collection Nelson (j’adore les Nelson que je collectionne) ils sont si jolis ces petits livres blancs avec leurs belles jacquettes aux dessins surannés! j’ai donc trouvé le livre édition de 1939 bien coincé entre l’ami Fritz et mon oncle et mon curé (position inconfortable en soi) je pense l’avoir aussi dans la bibliothèque verte cartonnée des années 50 qui a également une jolie jacquette dessinée. Bon ce week-end non seulement je le relis car la 1ere lecture remonte à des années et j’avais adoré cet humour anglais si particulier, mais je commence aussi à ranger la bibliothèque et là c’est un travail titanesque!
Valérie, je déclencherais donc des phénomènes en chaîne !? ;-)
Vous avez de la chance de le posséder dans la collection Nelson. Je l’ai de mon côté dans une édition Rouge et Or de 1963, bien content d’éviter Garnier-Flammarion que je n’aime guère et qui survit très mal au temps qui passe.
Bon courage pour le rangement en tout cas, et bon plaisir de relecture !
Ce livre me donne des idées ; je vais conseiller à quelques amis surmenés de remonter la Seine en canoë , pendant ce temps là je m’installerai dans un confortable fauteuil pour savourer cette lecture !
Kinekelly, très bonne idée pour se débarrasser de ses amis ! ;-)
Merci beaucoup de ce beau papier. J’aime aussi
“Trois hommes en Allemagne”, “Mes enfants et moi” ect… Auteur parfois désespéré, mais qui vous sort toujours d’un petit cafard.
Louise, Trois hommes en Allemagne est aujourd’hui en vente sous le titre Trois homme sur un vélo, que je vais lire bientôt. Impatient de découvrir aussi d’autres ouvrages de JKJ que je ne manquerai pas de me procurer.
“Trois hommes dans un bateau”, c’est un livre que je “visualise” très bien : il est dans un carton au grenier. Je ne l’ai pas lu. Il ne me reste plus qu’à monter une expédition sous les combles…
Rafaèle, l’expédition vaut la peine d’être tentée. Que cette lecture vous comble !
Bonjour,
Je ne connais pas mais
on dirait bien de la littérature anglaise façon P.G. Wodehouse, je me trompe ? Mon mari va adorer !!!
Bon week-end, lili
Lili, il y a des similitudes, mais sans plus je trouve. Je n’ai du moins pas ri autant avec Wodhouse que j’ai ri avec Jerome K Jerome. Votre mari devrait en tout cas à coup sûr apprécier. Vous devriez lui demander, en sa qualité de galant homme, qu’il vous en fasse la lecture à haute voix !
Trouvé dans une brocante il ya quelques années, j’avais raffolé de ce livre. Votre post me donne envie de me replonger dedans. Bonne journée
Lor, attention de ne pas oublier la maillot de bain ! ;-)
Je ne connais pas ce livre, mais ton resumé me donne bien envie de le lire…..en revanche j’ai concocté mon premier Irish Stew à l’âge de 16 ans….je m’en souviens comme si c’était hier ;-)
Birgit, tu n’es peut-être pas la seule à t’en souvenir. Y a t-il eu des victimes ?
J’ai lu ce livre il y a bien longtemps, quand j’étais ado. J’irais bien faire un tour dans les placards chez maman pour voir s’il y est toujours, question de m’y replonger !
Merci d’avoir ravivé ce souvenir de bons moments de lecture.
Très beau dimanche !
Naline, certaines relectures valent bien quelques farfouillages en règle ! ;-) J’espère que vous remettrez la main dessus.
Tu parles là d’un de mes livres préférés, depuis toujours, déniché à l’origine dans la bibliothèque de mon grand-père qui me l’avait offert un jour où je m’ennuyais… quelle belle journée ce fut !
Et depuis, je me fais un petite piqûre de rappel régulièrement… et ça marche à chaque fois :o)
Christine, je suis sûr de m’y replonger également, voilà un livre à ne jamais avoir trop loin de soi. J’ai trouvé Trois hommes sur un vélo du même auteur, je m’en réserve la lecture pour bientôt (l’attente est bonne), et j’essaie, pour l’instant en vain, de dénicher ses autres textes, à suivre !
Je ne connais absolument pas cet auteur…
La critique donne envie de le découvrir !
Par contre, une question saugrenue m’a immédiatement traversé l’esprit : Dodier, l’auteur de BD, s’en est-il inspiré pour nommer son héros “Jérome K. Jérome Bloche” ?!
Très bonne journée
Astrée, voilà une colle ! En apparence aucun rapport, mais peut-être y en a t-il un que seul l’auteur de la BD pourrait indiquer.
Qu’il est beau ce blog!
ho oui j’ai adoré lire ce livre !
comme j’ai ri ! l’emballage des bagages pour embarquer est un immense moment de jouissance rigolarde !
heureusement que je n’ai pas fait de la même façon pour les vacances avec ma tribu !
il faut que je le retrouve tien dans une foire aux livres ou chez emmaus !
merci de nous faire raviver nos souvenirs !
Lu dans mon enfance, et apprécié… Merci de me le rappeler … Bon, des fouilles s’imposent dans les strates livresques et “cartonnesques” … !
Tanki, attention à la poussière ! ;-)
je suis heureuse de voir que vous en avez apprecié la lecture !!! c est un livre hélas trop méconnu mais je trouvais que votre humour collait fort bien avec le style de l auteur .
cela faisait un moment que je n étais pas venue sur votre blog ; il avait disparu de mes favoris .
Rosethe, ainsi donc mon blog disparaît sans prévenir, vous faites bien de me prévenir, je veillerai à ce qu’une telle chose ne se reproduise pas ! ;-)
Quel bonheur de revenir par ici. A chaque fois, c’est un vrai plaisir. Nous avons déniché ce livre à Esquelbecq (Nord) et nous (mon mari et moi) avons dégusté !!! Je cite Esquelbecq, parce qu’une association a pris son courage à deux mains pour y créer un Village du Livre. La tâche est ardue mais combien passionnante. J’espère que tu ne m’en voudras pas de cette petit publicité. Mais il s’agit d’une telle gageure à notre époque, croire au livre…Amitiés
Frédérique, je suis bien content que vous ayez pu le trouver et l’apprécier…