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Comment j’ai vu 1900, de Pauline de Pange

Lectures

4 Sep

Grasset a réédité dans ses Cahiers Rouges les mémoires de Pauline de Pange. Comment j’ai vu 1900 est le premier volume de ce récit qui nous entraîne dans le quotidien d’une grande famille à l’aube du XXe siècle.

Pauline de PangeLa princesse Pauline de Broglie naît en 1888. Ses ascendants comptent quelques figures prestigieuses comme Albert de Broglie, président du Conseil de la IIIe République ou Victor de Broglie ancien Premier ministre du roi Louis-Philippe. Elle est surtout l’arrière-arrière petite fille de Madame de Staël, fille de Necker, le ministre des finances de Louis XVI. Elle est aussi la sœur de Louis de Broglie, futur lauréat du prix Nobel de Physique en 1929. Elle épousera en 1910 l’écrivain et historien Jean de Pange.

À l’aube du XXe siècle la modernité prend son élan. Déjà Paris a connu sous l’impulsion d’Haussmann des bouleversements dont on peine à imaginer l’ampleur. Quand naît Pauline de Broglie en 1888 les fondations de la tour Eiffel sortent de terre au Champs-de-Mars. La première ligne de métro fera bientôt son apparition, on pourra circuler à l’allure folle de 12 à 15 kilomètres à l’heure à bord d’incroyables “quadricycles à pétrole”, écouter des voix aigrelettes sortir d’un phonographe, voir de la “photographie animée” et se parler à distance grâce à une étonnante invention : le téléphone.

On s’applique pourtant chez les Broglie à vivre encore dans une inflexible tradition d’Ancien Régime, dans “l’attitude de refus d’une élite décidée à nier désormais toute puissance créatrice”. Les évolutions et révolutions techniques laissent de marbre. L’existence de chacun est dirigée par un protocole immuable. Dans l’hôtel d’Armaillé, rue de la Boétie, des laquais en livrée se relaient en permanence au pied de l’escalier, une foule de domestiques et d’aides auxiliaires s’activent au train de la maison. La petite Pauline est confiée aux soins d’une nurse anglaise qui ne la quitte ni du jour ni de la nuit. Elle souffre de l’isolement qu’on lui impose, les seuls enfants avec lesquels elle soit en contact étant son frère Louis et ses deux neveux, tous trois plus jeunes qu’elle. Chaque après-midi ce petit monde part jouer et goûter à Bagatelle, alors propriété de sir Richard Wallace ami de la famille. À leur retour le rituel est toujours le même, la nurse prépare Pauline pour sa visite à sa grand-mère d’Armaillé au rez-de-chaussée où elle ne peut se présenter à 5 h qu’impeccablement coiffée et vêtue (arnachée pourrait-on dire) d’une robe pourvue d’une très large ceinture et d’un énorme nœud. Pauline de Broglie devra à cette grand-mère stricte et aimante, qui ne s’adresse à elle que comme à une adulte, ses plus intenses souvenirs d’enfance et son futur intérêt pour la littérature.

Des villégiatures à Dieppe où l’on se rendait “comme pour aller en Chine” aux installations successives de la famille au château de Saint-Amadour en Anjou, puis au Château de Broglie en Normandie avec ses kilomètres de couloirs et sa bibliothèque de 40 000 volumes, Pauline de Pange raconte une enfance enchanteresse et insouciante qu’un monde extérieur en pleine mutation n’affecte qu’à la marge. Témoignage précieux d’une façon de vivre qui vit ses derniers feux, Comment j’ai vu 1900 est un récit d’enfance intime et attachant. Le second volume (il y en a trois), Confidences d’une jeune fille, m’attend déjà.

__________

Comment j’ai vu 1900
Pauline de Pange
Éditions Grasset
Coll. Les Cahiers Rouges
2013
184 pages

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Commentaires

  1. Mary dit

    04/09/2017 à 21:45

    Très envie de le lire ! Ma grand’mère est née à cette époque et dans ce milieu – toutes proportions gardées…

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:06

      Il faut vous jeter dessus alors, vous ne le regretterez pas. Bonne lecture !

  2. GAYOT dit

    04/09/2017 à 22:33

    Une autre vie, un autre monde et tout cela a disparu…

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:07

      Tout passe, et heureusement d’une certaine façon, la vie c’est le mouvement.

  3. josette dit

    05/09/2017 à 09:59

    La comtesse de Pange, née princesse de Broglie, tomba malade un jour et se vit prescrire un bain par son médecin: il fallut alors louer une baignoire, puisqu’il n’y en avait pas dans l’hôtel particulier de ses parents à Paris. Comme elle l’écrit: « on se lavait dans des tubs de 5 cm d’eau ou bien on s’épongeait. » Une baignoire, c’était avant tout d’usage thérapeutique. Je revois le tableau de David qui montre Marat assassiné dans une baignoire recouverte d’un drap: il souffrait d’une maladie de peau et prenait souvent des bains de souffre qu’on pensait alors curatifs.
    Quelques années plus tard, les Broglie, gens très aisés, firent installer l’eau courante et les WC au premier étage de leur manoir angevin, mais n’eurent pas la pensée d’y installer une salle de bain… J’ai lu cette histoire il y a plus de trente ans, mais elle m’est restée à l’esprit, j’étais tellement étonnée de lire que la propreté n’était pas une priorité même parmi les Français les plus aisés. Voilà pour l’hygiène des riches Français au début du 20e siècle. Évidemment le sujet de l’hygiène ou plutôt le manque d’hygiène des Français les fait toujours sortir de leurs gonds. Quand le magazine Elle, nouvellement créé par Hélène Gordon Lazareff, lance une enquête qui révèle en 1951 qu’un quart des Françaises ne se brossait jamais les dents, cela fit scandale! Quel énorme mensonge, pensa un grand nombre de gens à œillères et prêts à crier « cocorico. »

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:18

      À la Renaissance on se méfiait beaucoup de l’eau qu’on pensait même pouvoir mettre une femme enceinte. Il est sûrement resté quelque chose de ces temps où l’on fuyait son contact. La réputation de propreté des Français est en tout cas très mauvaise, à juste titre.

      • josette dit

        08/09/2017 à 03:32

        Au Moyen Age, les bains publics unisexes étaient communs. Dans certains écrits de l’époque, on peut lire qu’un homme éjaculant dans l’eau du bain peut rendre enceintes les femmes qui s’y trouvent…une croyance en fait tout aussi « plausible » qu’une autre que nous entendions encore récemment quand nous étions enfants : « Ne te baigne pas juste après avoir mangé, ça va te rendre malade, et tu te pourrais te noyer. Attends 2 heures après le repas. » Le mystère de la conception humaine a fait naitre (c’est le cas de le dire) bien des croyances qui nous font rire aujourd’hui. Les gens du Moyen Age en ont ri aussi, car on peut lire dans plusieurs fabliaux, l’histoire de cette femme enceinte, mais pas des œuvres de son mari car il vient juste de revenir de quelques mois de croisade. Elle lui explique alors que son état est sans doute dû au sperme flottant d’un de ces hommes super sexués qui s’est laissé aller dans l’eau du bain public où elle se trouvait aussi. A la Renaissance, les bains publics vont disparaitre petit à petit, tués par la pruderie de ceux qui suivent le mouvement de la Réforme. Et l’hygiène personnel va en pâtir aussi.

  4. Sophie dit

    05/09/2017 à 11:41

    Merci pour la découverte de ce joli livre ! Je vis dans un appartement datant de cette époque qui a gardait ses portes de services et ses sonnettes pour les domestiques et j’ai du créer une salle de bain bien sur inexistante !
    Belle semaine à toi
    Amicalement de Nîmes
    Sophie

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:19

      Et tu l’utilises en plus ! ;-)

  5. Véronique dit

    05/09/2017 à 11:53

    A l’aube d’un siècle nouveau et de révolutions extraordinaires pour le quotidien, on s’accrochait parfois farouchement à ce que l’on ne voulait surtout pas quitter même si cela représentait un carcan bien lourd dont on n’avait pas même conscience.
    On avait une élégance de vie…

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:27

      Le carcan même lourd est plus supportable lorsqu’il est synonyme de privilèges, lorsqu’il maintient une frontière sociale…

  6. Patricia dit

    05/09/2017 à 16:57

    Merci Philippe ! je m’étais toujours demandé qui avait écrit ce titre !! elle raconte aussi les gouters dans l’hôtel particulier des Jacquemart-André où Nélie Jacquemart-André fait lever et abaisser les cloisons des grands salons pour amuser la petite Pauline ……..toute une époque , certes …mais je crois que dans 100 ans la notre apparaitra aussi hallucinante …voire consternante ( désolée, je rentre du travail en métro !!!) bien à vous !!!

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:39

      Cet épisode ne me dit rien, il est peut-être raconté dans le second volume.
      Notre époque apparaît déjà consternante, pas besoin d’attendre !

  7. Triskell dit

    07/09/2017 à 12:58

    Cette lecture est en effet bien tentante.
    Mes grands-parents, mes arrière-grands-parents étaient, eux, de l’autre côté, le mauvais, celui des laquais, des bonnes et des gardiens. Ils ne pouvaient de ce fait s’offrir le luxe d’être “élégants” dans leur refus de la modernité.

    • Philippe Joubert Lussac dit

      07/09/2017 à 22:35

      À propos des bonnes, un livre d’Anne Martin-Fugier leur est consacré (aux éditions Perrin) : La place des bonnes. Il a l’air passionnant et je compte bien le lire. Du moins quand j’aurai lu du même auteur Les salons de la IIIe République qui m’attend sur mon chevet depuis plusieurs mois…

  8. Sara dit

    24/09/2017 à 13:57

    Waou, je m’en lèche les babines devant cette lecture, je vais toujours la chercher et elle va passer sur mon tas de lectures qui attendent, ou peut-être passe devant les autres, dernièrement les biographies m’attirent et ce moment historique-là est assez intéressant pour me traîner lettre après lettre…

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