Comme je vous le disais dans mon précédent billet, nous avons sillonné les petites routes de campagne et fait halte dans différents villages entre la Dordogne, la Charente-Maritime et la Charente. J’ai regretté le soleil qui révèle si bien la beauté de la pierre blanche. J’avais quitté Paris avec un insubmersible optimisme météorologique. L’hirondelle ne fait pas le printemps mais je croyais dur comme fer que mon arrivée ferait l’été. Ce fut une leçon d’humilité, par l’humidité ! Et puis, quelle trahison à mes souvenirs ! Chez ma grand-mère, j’ai beau sonder ma mémoire, je ne me souviens que de ciel bleu et d’un thermomètre ne quittant jamais les 31 à 35 degrés. N’est-ce pas d’ailleurs ce que tout thermomètre civilisé se devrait d’indiquer en ce moment ?
Aubeterre-sur-Dronne (Charente). Village classé parmi les plus beaux villages de France, construit à flanc de colline avec sa place principale qui rappelle un peu les villages méditerranéens. C’est un village assez étendu dont on ne devinerait pas qu’il abrite moins de 400 habitants :
À droite, l’entrée de l’impressionnante église souterraine d’Aubeterre creusée dans la roche à partir du VIIe siècle :
Chenaud (Dordogne). Joli petit village avec son église romane à l’arrière de laquelle une grande terrasse herbue domine la campagne :
Saint-Antoine-Cumond (Dordogne). Une aïeule du 17e siècle repose dans son église. Où exactement ? mystère :
Bourg-du-Bost (Dordogne). Son église romane avec un superbe avant-chœur en coupole :
Montguyon (Charente-Maritime). S’il y a un endroit qui a joué un rôle dans mon enfance et mon adolescence, c’est bien ici. Mon cœur se serre rien qu’à l’évoquer. Il y aurait sans doute bien des choses à dire de cet enfant qui n’aimait pas les autres enfants et qui trouvait chaque été auprès de sa grand-mère l’accord parfait. Un enfant solitaire, rêveur, observateur, aimant déjà jardiner, bricoler, écrire, qu’un rien occupait et qui savait s’occuper seul, très conscient de son bonheur mais inconscient du fait qu’il lui serait si difficile d’en guérir.
Montguyon est un village qui vivote. Le manque d’ambition, d’ouverture et d’imagination des maires qui s’y succèdent n’aura pas permis d’en faire un bourg bien attrayant.
L’église Saint-Vincent dans laquelle j’ai été baptisé, où j’accompagnais ma grand-mère à la messe le dimanche. S’occupant de fleurir l’église ma grand-mère coupait plein de fleurs le matin même que nous devions transporter jusqu’à la 2 CV d’une vieille cousine originale qui passait nous prendre mais qui refusait catégoriquement d’entrer dans la propriété. Nous arrivions avant la messe pour disposer les bouquets dans des vases. Je me rappelle ma grand-mère arborant toujours ce jour-là un très long collier, nous ne manquions pas bien sûr de passer au cimetière au sortir de la messe avant de rentrer pour accueillir joyeusement oncles, tantes, cousins et petits cousins venant déjeuner.
L’église est aujourd’hui fermée, des éclairages ont été aménagés tout autour. La petite route de campagne qui y menait (l’église est un peu éloignée du cœur du village) est désormais une rue bordée de trottoirs. La commodité y gagne ce que le charme y perd :
Les vestiges de la forteresse médiévale de Montguyon. Un pan de sa tour s’est effondré en 1982 :
Chevanceaux (Charente-Maritime). Fait partie de ces villages en perte de vitesse, ce que l’on perçoit assez vite au nombre de commerces fermés depuis longtemps, à l’état d’abandon du jardin public. À droite ci-dessous l’ancien cinéma dans un état de délabrement avancé :
À Chevanceaux j’ai adoré le cimetière, j’aurais pu y rester tout l’après-midi. Une allée de tilleuls, pleine de charme, longe l’un de ses côtés :
Sur un autre côté le cimetière est bordé de vignes, nous sommes bien entre Cognac et Saint-Émilion :
Saint-Martin-d’Ary (Charente-Maritime). Son Église est une très vieille dame d’environ 1000 ans qui pourrait difficilement passer pour une jeunette :
Festalemps (Dordogne). Chœur de l’église Saint-Martin :
Saint-Privat-des-Prés (Dordogne). Tout est mignon dans ce village propre, fleuri et soigné. Ci-dessous à gauche l’église Saint-Privat, à droite une maison forte datant du XIIIe siècle :
Chalais (Charente). Le château de Talleyrand-Périgord, propriété d’Yves Lecoq, domine cette petite ville à première vue ni joyeuse ni attrayante. Mais je n’en ai eu qu’un aperçu trop rapide pour bien en juger. Le moment du départ en train avait sonné pour moi :
Parfois je regrette de ne pas savoir conduire, je partirais à la recherche de ces jolis villages avec Norma dans mes bagages et le grand air pour ami,
Malheureusement j’ai peur de conduire ! Et d’autres considérations m’ont toujours découragées !
Bref ! En ce moment j’aimerai beaucoup partir à l’aventure dans notre belle France.
J’aimerai aller à Angoulême voir mes amis seulement la seule idée des 7 h de trajet avec le masque me fait défaillir à l’avance !
Je suis d’autant plus ravie de savourer tes photos !
Je te souhaite un bon dimanche soir .
Je t’embrasse
Sophie
Je viens de faire environ 7 h de voyage avec un FFP2, je te comprends ! Mais je préfère laisser la Rolls au garage, le train pollue moins. ;-)
Comment ne pas aimer ce si beau pays… Une de mes prochaines destinations, la Dordogne.
Merci pour ce compte rendu, cet aperçu qui me donne tellement envie…
Les photos sont magnifiques Philippe.
Tu m’as émue avec tes souvenirs, ton ressenti et le brin de caractère que tu nous dévoiles si honnêtement lorsque tu étais enfant.
Ce billet m’a réchauffé le cœur après tout ce que l’on vient de vivre ici.
Belle soirée à toi.
Vinciane
Je ne doute pas que la Dordogne te plaira beaucoup, c’est un département beau et très richement doté en patrimoine. Pas de quoi s’y ennuyer une seule seconde. Sauf si l’on a envie de s’y ennuyer bien sûr, ce qui n’a rien de dépréciatif.
C’est très amusant, vous avez photographié la maison d’une de mes cousines germaines à Chenaud
Décidément, le monde est petit, du moins celui qui préside à notre lien virtuel.
MERCI
Bonsoir Monsieur Philippe, merci pour le partage de votre séjour dans ces beaux villages de France.
J’espère , que vous n’êtes pas cafardeux , après un retour dans ces endroits où celle que vous avez aimé n’est plus .
Ce que j’aime dans ces villages , ce sont les petites places avec bistrots où l’on peux siroter une menthe à l ‘eau ou cappuccino , à l’ombre de platanes, tilleuls. Un beau souvenir a regarder pendant les mois d’hivers.
Bonne semaine à vous .
chaque perle du collier de votre grand-mère , une sagesse , c’est pour cela qu’il était LONG ce collier !
Oui, sans doute ! ;-)
Merci Philippe pour la découverte de ces sentiers délaissés… Un bain de vieilles pierres et une cure d’églises romanes font toujours du bien à l’art et à l’âme. Ne regrettez pas trop le grand ciel bleu : les photos sont toujours plus belles avec un ciel lourd de nuages. Bon retour à la vie parisienne ! Gardez la nostalgie comme moteur de votre talent !
Il est vrai qu’avec un ciel bleu et une forte chaleur nous aurions peut-être fait moins de visites. M’échappant peu souvent de Paris j’aurais apprécié tout même un ciel un peu moins…parisien.
Une région comme je les aime…. une campagne à perte de vue, de superbe et paisibles villages…
Des fleurs, de jolies couleurs…. tout me plaît !
De plus, s’il fallait en ajouter …. ton récit est rempli d’Amour et de nostalgie
Merciiiiii pour ce partage
Une campagne paisible et jolie qui donne tellement envie de mettre de côté l’actualité anxiogène…
Bonjour Philippe,
Merci pour cette belle balade…il faut revenir ils sont là les 32°! Ceci dit pour faire du tourisme, c’est parfois trop chaud.
Ces petits villages Charentais me parlent bien, j’ai vécu 15 ans entre Jonzac et Chevanceaux. La campagne y est très belle, le petit côté bucolique qui sent bon le terroir, où on prend le temps de vivre.
Quant à la Dordogne c’est mon grand coup de coeur, je l’aime et depuis des années que je la parcours je découvre toujours un endroit qui me charme. Quand on aime le beau patrimoine; l’authenticité des villages ruraux et de leurs habitants, les châteaux, les belles petites églises, la bonne cuisine, c’est The département!
On a toujours plaisir à retrouver notre lieu de naissance, les endroits qui ont bercé notre enfance, parfois déçu par le changement qui dérange l’image gravée dans nos souvenirs, parfois surpris que rien n’est trop changé.
Je vous envoie un peu d’air iodé de la mer, Royan est ma nouvelle destination…
Au plaisir de vous lire dans vos prochaines aventures.
Marie Christine
Disons-le sans ambages : la Dordogne est l’un des plus beaux et des plus intéressants départements de France, voilà ! Les Anglais ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. ;-)
De bien jolies photos accompagnées de légenges empreintes de poésie.
Toujours un plaisir de découvrir avec vous de si belles contrées.
Merci pour ces magnifiques photos.
Merci Annie.
Merci Philippe pour tous ses bons souvenirs de ma région que j’aime tant
Une région attachante il faut dire.
Un grand MERCI Philippe. Tu me fais découvrir une région de France où je n’ai jamais mis les roues ! Aucun de ces villages ne me parle… J’ai presque honte moi qui ai beaucoup visité la France. Suis passée à côté de belles choses. J’ai noté dans mon agenda ces noms si jolis et dès que possible j’y vais.
Il me semble voir en noir et blanc le film de ton enfance, tellement tu la racontes bien cette enfance avec ta chère grand-mère. Que faudrait il pour faire revivre ces jolis villages abandonnés ? En Charente ou ailleurs… Tu pourrais devenir Maire à Montguyon ; commence à y penser dès maintenant pour la retraite. Je suis certaine que tu as plein d’idées !
J’ai reçun un jour en cadeau, un beau livre sur les châteaux d’Yves LeCoq. Il est vraiment passionné par les vieilles pierres. J’aime beaucoup cet homme connu et pourtant très discret. Son château de Chalais sera le dernier… dit il !
Bonne semaine Philippe et merci pour tes belles cartes de vacances. Bises.
Bertille
J’ai également ce livre, heureusement que des passionnés comme Yves Lecoq sauvent, avec goût, des châteaux du dépérissement. Pour ce qui est de tenter de devenir maire, je verrai ça dans une deuxième vie… ;-)
Plaisir toujours renouvelé de vous lire et vos photos sont si belles…nous voyageons avec vous…
Merci Philippe!
Agnès
Merci à vous !
Très émue par ce que tu révèles, je suis un peu à court pour résumer mon ressenti à la lecture de ce billet.
L’enfance est un pays où il fait toujours beau. Tes souvenirs faisant écho aux miens, je ne me souviens d’aucun jour de pluie de mes vacances chez mes grands-parents dans le Morbihan, mettant à mal les vieux clichés bretons.
Avec les savoureux noms de villages que tu égrènes, on pourrait presque faire un poème… Mention particulière pour l’allée de tilleuls : quelle merveille!
On ne dira jamais assez à quel point les grand-mères sont importantes dans la vie d’un enfant, surtout pour ceux que la brutalité et la turbulence de leurs pairs effraient.
Je suis preneuse d’une suite, s’il reste d’autres photos dans ton escarcelle.
C’est une grande chance pour un enfant d’avoir des grands-parents, mais aussi des oncles et des tantes investis. La famille au sens large, y a pas mieux !
“… très conscient de son bonheur mais inconscient du fait qu’il lui serait si difficile d’en guérir…”
Phrase qui m’a profondément émue. Je m’y retrouve.
Bel hommage à votre grand-mère.
Quelle sensibilité et franchement pourquoi n’écrivez-vous pas?
Cordialement
Lorsque j’écris pour mon blog je n’ai pas l’impression de ne pas écrire. ;-)
Que tous ces petits villages qui font notre France sont beaux et pleins de charme. Vos photos sont magnifiques, pleines de charme aussi…
Belle soirée
Michèle
La France regorge de trésors, pas besoin de partir à l’autre bout du monde.
Merci pour ce joli voyage grâce à tes magnifiques photos, ce département donne bien envie d’être visité.
J’aime ces villages toujours bien fleuris
Bel après-midi
Monique
La Dordogne est un département qui vaut d’être visité, plein de châteaux, de villages et de paysages magnifiques.
Merci pour ce beau voyage
On ne guéri pas de son enfance, ce bonheur perdu nous fait défaut
Les enfants de maintenant auront ils de beau souvenir de campagne, de l ivresse de cette liberté chez une grand maman …
Plein d’enfants auront de beaux souvenirs de moments passés à la campagne auprès de leurs grands-parents, les écrans en plus. ;-)
Cher Philippe
Décidément, vous ne saviez pas qu’en rédigeant ces lignes vous alliez me renvoyer à mes souvenirs d’enfance !
Ma grand-mère paternelle habitait Montguyon et à mon grand regret je n’ai encore pas eu l’occasion d’y retourner.
J’ai un merveilleux souvenir du chemin fleuri emprunté pour aller à la messe le dimanche ! Haies fleuries, buissons odorants et herbes folles nous enchantaient, petits citadins messins que nous étions ! Nous avons peut être dû nous croiser dans ces lieux … bien que je suis plus âgée que vous ! Je me souviens d’un nom, la Gautonne ( ???) mais impossible de dire si c’était le quartier ou le lieu-dit ou habitait ma grand-mère ou un lieu de Montguyon.
Etant veuve depuis longtemps, elle travaillait dans une famille bourgeoise comme femme de ménage et lingère.
Elle brodait très bien et j’ai encore dans mes tiroirs un morceau de pièce de pièce de lingerie brodée très finement.
C’était une femme discrète et travailleuse, méticuleuse, toujours impeccable , que ce soit avec son éternel tablier noir sur sur sa robe ou avec son petit tailleur noir du dimanche et son petit chapeau tambourin piqué dans son petit chignon tout serré !
Et je me souviens qu’elle nous tançait quand nous renâclions à nous laver – comme souvent les enfants ! avec un bon gros savon qui sentait le propre, que ce soit dans la petite bassine en zinc ou le grand bac pr le bain , avec cette injonction : on peut être pauvre, mais on doit être propre ! bigre ! les mains verdies ne nous embarrassaient pas plus que cà !
Elle nous manifestait peu son émotion et son amour mais ses yeux brillaient quand elle nous voyait arriver chez elle l’été ou quand elle venait voir en Lorraine !
merci de raviver tous ces souvenirs !
Non, vraiment, les thermomètres ne se sont pas montrés très civilisés cet été au vu des températures déplorables qu’ils ont osé afficher sur la majeure partie de la France ! Leur décevante attitude n’a en rien entamé le charme de cette promenade bucolique et pleine de la douceur du souvenir dans ces petits villages à l’écart de l’agitation urbaine. Une bien jolie découverte pour moi qui ne connaît absolument aucun d’eux !
En effet, le soleil brille toujours sur nos souvenirs d’enfance. D’aussi loin que je me rappelle, les vacances passées chez mes grand-parents dans un petit village du Médoc étaient toujours ensoleillées, joyeuses et remplies d’insouciance. Il y avait les rires entre cousins, les courses folles dans les vignes, et les moments tranquilles de lecture, où perchée dans un catalpa, bien protégée par ses larges feuilles, je me retranchais du monde extérieur. Dans nos souvenirs il y a toujours aussi une grand-mère pleine de bienveillance et de sollicitude. L’enfance est un pays où il fait toujours beau .
De très belles photos dans ce billet mais je retiens tout particulièrement cette allée de tilleul dont on a du mal à détacher les yeux .
Merci pour ce joli voyage.
Marie*