Le Petit Palais consacre à Giovanni Boldini une grande exposition associant peintures, dessins, toilettes et accessoires de mode. Nous ne nous éloignons guère de mon dernier billet : Boldini fréquenta le même monde que Marcel Proust, celui de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie dont il devint le portraitiste recherché.
Ce n’est pas la peinture vers laquelle mon goût me porte mais il faut rendre à César ce qui est à César : c’est une exposition étourdissante et gaie, la virtuosité de Boldini force le respect. J’ai particulièrement été impressionné par les quelques tableaux miniatures qui ouvrent l’exposition, car le petit est toujours le plus ardu.
Pour autant bien sûr ce sont les grandes toiles, ces portraits de femmes spectaculaires qui ferment l’exposition en guise d’apothéose qui retiennent le plus longtemps l’attention du visiteur. Les teintes chatoyantes, les coups de pinceaux alertes avancent leurs charmes séducteurs. Mais ces portraits du grand monde ne sont pas exempts d’ambiguïté, ce qui les rend intéressants. Derrière l’hommage convenu l’œil critique ne semble pas loin. Les poses affectées, les artifices et les apprêts sont rendus avec une trop grande exacerbation pour qu’on ne suspecte pas Boldini d’avoir voulu s’amuser de ses sujets et inviter à une contemplation subtilement mordante de la vanité.
Portrait de Miss Bell (1903) :
À droite, portrait de Cecilia de Madrazo Fortuny (1882) :
Portrait de Robert de Montesquiou (1897) :
Portrait de la princesse Marthe-Lucile Bibesco (1911) :
Portrait d’Emiliana Concha de Ossa (pastel, vers 1888) :
À gauche, Sur un banc au Bois (1872), à droite, portrait de la comtesse Carlotta Aloisi Papudoff (1869) :
Pommes Calville (vers 1907) :
Un coin de la table du peintre (vers 1897) :
La Robe écossaise (vers 1895) :
La Dame en rose (1916) :
Un autre artiste passait par là, le printemps qui dessinait sur les branches du jardin de jolies fleurs blanches ou jaunes, esquissait ici des bourgeons, là des feuilles d’un vert tendre. Je n’aurais pas quitté le Petit Palais sans le saluer.
Triskell dit
Etourdissant comme le tourbillon d’une valse donnée dans les salons cossus d’une madame Verdurin… En s’approchant un peu, on pourrait presque percevoir le bruit cassant de la soie froissée, les soupirs alanguis de ces dames un peu ligotées dans leurs carcans, et en arrière plan le doux murmure un peu confus des conversations mondaines.
Voici un magnifique billet tout à fait raccord avec le précédent !
J’avais bien sûr noté cette exposition dans ma todolist : quel grand écart entre l’ambiance rude des oeuvres d’Edelfelt et celle, précieuse, de Boldini ! Mes coups de coeur : ce détail de la table du peintre, et “la robe écossaise”, sans doute pour le naturel de cette jeune fille aux longs cheveux.
n s
Anne Marie C dit
OH MERCI PHILIPPE. Une bien jolie façon débuter la semaine toute en élégance et raffinement, que j’envie les parisiens parfois !
Sissi94 dit
Une exposition à ne pas manquer
Régal des yeux.
Sylvie
Bertille dit
Waouh ! Belle exposition, j’aime le rendu de ces taffetas et autres soies. Je sais la difficulté à les peindre. On se croirait dans un salon au 19ème siècle. Les robes exposées doivent être jolies… Que j’aime le Petit Palais et ses belles salles, parfaites pour accueillir toutes sortes d’expositions… J’ai vu la Collection Morozov à la Fondation Vuitton mais le charme n’est pas le même qu’au Petit Palais ! Déjà l’entrée et son bel escalier mettent dans l’ambiance. Même si l’architecture contemporaine de la fondation impressionne, j’ai du mal à y voir des “choses anciennes”. C’est sans doute parce que je suis moi même un peu ancienne… Merci pour cette jolie visite Philippe. Tes photos sont tellement belles.
Bonne semaine.
Bertille
Vinciane dit
Jolie visite, pleine de nostalgie à ce temps que j’apprécie particulièrement.
Bonne semaine Philippe.
Merci pour cet enchantement.
Evelyne dit
Ce n’est pas une exposition que je serais allée voir, alors merci!
La robe écossaise est incroyablement contemporaine. Je veux dire le modèle qui a posé aussi. Rien n’était vraiment différent. Et comme il est dit plus haut on entend le froissement des tissus.
Cdmt,
Eve
alouette dit
Choisir de peindre les personnages de la haute société est un confort pour le peintre ,les modèles sont beaux , le luxe ostentatoire….IL s’agit donc d’un peintre mondain Effectivement , c’est “joli”, agréable à regarder, surtout dans l’enceinte du petit palais ….je ne regrette pas la visite .Merci Philippe .
defilenpinceau dit
Mon œil de profane n’y voit que de magnifiques portraits. Mille mercis pour ce partage….
Belle journée à vous
Michèle
marie agapanthe dit
Un coup de coeur à la suite de la lecture de ce billet : “La robe écossaise “. La pose est forcément étudiée mais parait si naturelle, un brin fouillis, mais un fouillis maitrisé qui donne tout son charme au sujet. Cheveux dénoués, robe froissée, l’antithèse même des poses un brin affectées et convenues de ces grandes dames formidables dans une rigidité corsetée. Je les trouve formidables ces portraits en tout cas, très réussis et si je n’ai pas l’occasion d’aller les admirer pour de vrai, j’aurais déjà eu le plaisir de les découvrir ici. Merci de nous avoir offert cette visite virtuelle.
Marie *
Catherine D dit
Magnifiques dessins… merci !
Vous me donnez envie d’y aller, si l’expo dure un peu…
jackie Ferrer dit
quel bonheur de vous retrouver…. Il y avait si longtemps que je n’avais eu de billet gris-bleu…. Vous êtes comme le printemps, vous transformez les choses, les tableaux, les fleurs, les femmes, sous vous plume deviennent des poésies. Continuez de m’envoyer vos parutions, de plus étant une méditerranéenne autant qu’une pyrénéenne ( j’habite près de Perpignan) je ne peux me rendre à Paris toutes les fois que j’aurais envie…. Il faut raison garder…. Mon jardin cet après
midi m’a complètement accaparée….